Sa floraison légendaire demeure une énigme. Elle représente le mystère qu’elle symbolise. Elle se pare de sa teinte exclusive uniquement les soirs d’été. Nourrie de la terre qui borde l’Euphrate et abreuvée par son eau, les descendants de l’empire Ottoman la nomme la Karagül.
Elle enveloppe, dans sa robe au toucher mat, un cœur aux reflets pourpres. Elle affiche des formes qui s’enchevêtrent de manière aussi gracieuse que sa cousine aux accents carmin. Sa corolle tourbillonne et nous aspire dans de voluptueux abysses.
Elle n’en reflète pas la couleur, mais en réalité, elle est la gardienne des secrets de l’amour. Son parfum embaume l’atmosphère d’espérance. Elle accompagne ceux qui pleurent leurs défunts, mais la rosée du matin, déposée sur ses joues teintées de réglisse, coule comme des larmes annonçant l’aube du renouveau.
S’ils vénéraient la Sainte Trinité à travers le trèfle verdoyant, les guerriers celtiques chantaient My Little Black Rose pour revendiquer leur rébellion. Des marins la tatouaient sur leur corps pour leur donner du courage. Elle leur apportait l’espoir de revenir à bon port.
Elle n’a pas à rougir face à la pureté du blanc ni au désir que la reine des amoureux suscite. Elle n’est pas un mouton noir dans un bouquet, elle reste une rose qui touche l’âme de celle qui la reçoit.
Elle ma me rappellera à tout jamais cette beauté aux airs d’Esmeralda, comme elle, elle s’émaille d’une longue chevelure de gitane qui la sublime. A l’instar de Karagül, qui la fascine, le mystère l’entoure. Elle est secrète et se sent prête à renaître. Elle se protège avec une élégante carapace de pétales obscurs. Elle est une fleur flétrie par son passé. À présent, elle sait que ses espérance d’éclore, de fleurir et surtout d’exister, seront comblées dans son futur.
Mathieu Capdegelle – Décembre 2023
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