Dialogue sans verbe

— La vie aux cotés de cette femme ? L’extase ?

— Non.

— Une passion débordante ?

— Non plus.

— De l’ennui alors ?

— Négatif encore une fois.

— Bonne nouvelle alors !

— Pas vraiment non.

— Ah bon ? Pas d’amusement, du plaisir ?

— Oui et non.

— Ah oui ? Étonnant comme situation.

— Blanc ou noir ?

— Plutôt gris.

— Humm, typique.

— Combien d’années ?

— Onze belles années.

— Une décennie, rien que ça !

— Six ans en vérité.

— Comment ça ?

— Les quatre premières, pleines d’amitié. Les autres…de l’amitié encore et le sexe aussi. Enfin autre chose, beaucoup de complicité. Quoique non, avant déjà.

— Décidemment, que de particularités. Mais complicité égal bonheur, non ?

— Possible. Un rêve pour tant de gens malheureux en amour.

— Incompréhensible alors.

— Pour moi aussi.

— Un problème d’ordre sexuel donc ?

— Même pas. Très hot dans un lit. Ou sur un canapé plutôt !

— Un canapé ?

— Rien rien.

— Alors, amour, amitié, complicité, sexe, mais malgré tout ni heureux, ni malheureux. Enfin en apparence. Vraiment énigmatique votre relation.

— En effet.

— Pourquoi selon toi ?

— Quatre années avec une amie pour six années avec une amante.

— Et entre les deux ?

— Pour elle ? Pas vraiment de désir, pas vraiment de passion, pas de flammes, pas de rêves de princesses, pas d’envies, même pas de fantasmes.

— Et les conséquences ?

— Une vie mi-figue mi-raisin.

— Pas si dramatique, non ?

— Bien sûre.

— Et maintenant ?

— De nouveau père célibataire et solitaire.

— Triste ?

— La fin de mon monde…

— Désolé.

— Merci.

Mathieu Capdegelle – Mai 2020

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